Le Nord de la Serbie

Article écrit par Sandrine

L’arrivée en Serbie

Après quasiment un mois passé en Croatie, il est temps pour nous de partir pour la Serbie.

Nous nous renseignons sur les conditions d’entrée liées au Covid. Sur le site de l’ambassade de France en Serbie, il est indiqué qu’un test PCR est obligatoire sauf si l’on vient des Etats-Unis ou de la Slovénie – dans ce cas un test antigénique rapide est suffisant. Nous trouvons une Polyclinique dans la ville d’Osijek où il est possible de faire les tests PCR. Mais ils nous annoncent un tarif de 600 kunas par personne (soit 80 euros) ce qui fait un total de 320 euros pour 4! C’est démesuré et mangerait une grosse partie du budget….

Nous décidons donc d’aller demander aux policiers directement à la frontière croato-serbe quelles sont les conditions d’entrée. Avec un peu de chance un test antigénique suffira…Nous garons le camping-car un peu avant la frontière et nous y allons à pied. Les policiers croates sont un peu surpris de nous voir arriver. Mais ils nous reçoivent de manière sympathique….et nous disent qu’on peut aller en Serbie avec un test antigénique! Nous avons bien fait de venir demander….il semble qu’il y ait une marge entre les discours officiels et la réalité du terrain! Cela nous fera économiser une somme important. Les 4 tests antigéniques ne coûtent que 80 euros en tout…..

Nous faisons le test le lundi matin à la Polyclinique d’Osijek…nous recevons les résultats (négatifs) 1h30 après. Vers 13h nous nous dirigeons vers la frontière Serbe.

La Serbie c’est un pays totalement méconnu. On n’en entend jamais parler. Et les seules images qu’on en a sont assez négatives…liées aux conflits qui ont eu lieu en Ex-Yougoslavie. Nous ressentons donc un mélange d’excitation et d’appréhension à l’idée de découvrir ce nouveau pays.

Par ailleurs, comme je l’ai indiqué dans un article précédent, nous savons qu’il y a eu des manifestations pro-russes à Belgrade, la capitale. Nous nous demandons donc comment nous allons être perçus en tant que français. Pas impossible que le contexte actuel avec la guerre en Ukraine ravive quelques tensions….

Nous arrivons à la frontière serbe. Tout de suite nous sommes frappés par la file de camions interminable (environ 2km) qu’il y a dans le sens inverse. Des centaines de camions serbes qui attendent d’entrer en Croatie. La Serbie ne fait pas partie de l’Europe alors les formalités sont certainement plus compliquées et les contrôles renforcés.

Le policier à la frontière est extrêmement froid et ne parle pas anglais. Nous lui donnons les passeports et ne comprenons pas trop ce qu’il nous demande ensuite. Il semble qu’il veuille voir nos visages un par un. Un camion arrive derrière nous donc finalement la formalité sera plus rapide que prévu. Nous avons les résultats des tests Covid mais on ne nous les demande même pas…On avance donc vers la douane. La policière assez froide au début nous demande d’ouvrir le camping-car et jette un œil à l’intérieur. Nous n’avons rien à nous reprocher mais les passages à la frontière sont toujours un peu stressant. Et nous avons Lilou avec nous donc nous appréhendons un peu le passage aux frontières avec elle. Elle a son passeport et tous les documents requis mais sait-on jamais…Finalement Lilou se tient sage et ne se montre pas pendant le contrôle de la policière. Celle-ci se détend et nous échangeons 3 mots avec elle en anglais. Elle semble assez surprise de nous voir là et se demande ce que nous faisons…d’autant que le contexte est un peu tendu avec ce qui se passe en Ukraine. Nous lui expliquons que nous faisons le tour de l’Europe avec nos enfants et on se quitte avec le sourire. Elle nous souhaite bon voyage.

Et nous voilà en Serbie! Nous roulons en direction de la grande ville la plus proche, Novi Sad. Nous suivons le GPS sur le téléphone de Guillaume.

Au bout de 15 min à peine, Guillaume a une mauvaise surprise. Le GPS fonctionne avec les données mobiles, et Guillaume reçoit un SMS disant qu’il a une facture hors forfait de 60 euros. En dehors de l’Union Européenne, c’est hors de prix. Nous devrons continuer sans les données mobiles. Le GPS continue de fonctionner mais il ne faut surtout pas enlever la page sinon on perd tout.

Nous entrons dans un petit village. Un routier nous klaxonne depuis derrière en nous faisant signe de ne pas passer par là. Le monsieur ne parle pas anglais mais d’après ce qu’on comprend cela ne passe pas. Nous le remercions et continuons notre route…derrière lui. 2km plus loin nous le voyons arrêté en plein milieu de la route dans le village.

Il nous demande où nous allons et nous propose de le suivre. Nous ne sommes pas carrément rassurés à ce moment là. L’approche est assez inhabituelle. On ne maîtrise pas les codes culturels en Serbie. Et nous avions eu des déconvenues lors d’un voyage au Guatemala en février 2018. Un monsieur nous avait gentiment conseillé de passer par une route (plutôt qu’un autre) après avoir passé un coup de fil. Et nous étions tombés sur des coupeurs de route qui nous réclamaient de l’argent à chaque sortie de virage. Nous avions pas trop mal géré en donnant parfois de l’argent parfois de la nourriture pour qu’ils nous laissent passer. Mais malgré notre sang froid, nous avions eu très peur cette fois là. Cela nous avait fait une leçon….toujours être prudent en voyage…

Nous suivons donc ce monsieur en nous disant que de toute façon nous suivrons le GPS. Finalement il tourne, nous continuons donc notre route.

Nous arrivons à Novi Sad. On nous a dit que c’était une jolie ville. On circule en ville mais c’est l’heure de pointe. Les automobilistes sont assez nerveux. Ce n’est pas évident pour Guillaume qui est très concentré. Nous apercevons une jolie église orthodoxe.

Mais le reste de la ville nous apparaît comme un peu austère avec les nombreux bâtiments qui datent de l’époque soviétique. Nous ne trouvons pas d’endroits où nous garer. Sans GPS c’est très compliqué. Et la nuit ne va pas tarder à tomber….

Nous faisons le plein de gazole, et nous décidons de prendre l’autoroute pour ne pas perdre de temps et rejoindre l’aire de camping-car que nous avons trouvé pour la nuit, à 15 km au nord de Belgrade.

Nous nous rapprochons de Belgrade et arrivons à l’aire de camping-car. C’est dans un quartier résidentiel de la banlieue de Belgrade, dans le jardin attenant à une maison. Personne n’est là quand nous arrivons, mais il y a une pancarte sur le portail disant qu’en leur absence on peut rentrer et s’installer où le veut. Sympa! Nous nous garons et il se remet à neiger! Décidemment cet hiver on aura vu la neige…Il fait bien froid alors nous nous branchons à l’électricité et nous allumons notre petit chauffage électrique. Trop bien 🙂 Pendant qu’on prépare à manger, quelqu’un frappe à la porte. C’est Oliver, le propriétaire de la maison et du camping, accompagné de sa fille de 8 ans. Ils parlent tous les deux anglais et nous sommes bluffés par le niveau de la petite qui a un super accent. Apparemment elle prend des cours dans une école anglais. Nous sommes reçus chaleureusement….ça fait plaisir!

Le lendemain, il neige encore et encore. Nous restons au chaud et ne bougeons pas de la journée. Nous en profitons pour avancer sur l’école des enfants.

Le jour suivant, nous partons faire des courses pas très loin et nous en profitons pour acheter une carte Sim serbe. Je donne des cours dans les jours qui suivent donc c’est urgent. Il faut compter 800 dinars serbes (environ 6 euros) pour une carte sim avec 15 gigas d’internet à utiliser dans les 5 jours.

Nous profitons de ce séjour chez Oliver pour travailler, et nous poser un peu. Cela nous fait du bien. Et en plus il ne fait pas très beau au début de notre séjour. Nous avons accès aux toilettes et à la douche dans leur maison, et à tous les services pour le camping-car à l’extérieur. Nous avons donc tout ce qu’il faut.

Une fois le soleil revenu, nous en profitons pour échanger un peu plus avec nos hôtes. Notamment Oliver et sa fille Miliza qui a 18 ans. Oliver nous parle de son pays d’origine, la Bosnie. Il nous parle aussi de la culture serbe. Et nous échangeons sur l’actualité en général.

Lilou qui observe le jardin d’Oliver
Et avec le soleil c’est propice à la détente…

Oliver est très embêté en ce moment. Il fabrique des portes coulissantes en aluminium et commande habituellement l’aluminium nécessaire en Turquie. Mais avec ce qui se passe en Ukraine le prix de l’aluminium a doublé en 8 jours. La bourse spécule sur les matières premières et fait monter les prix…Il est donc au chômage technique. Il est obligé d’augmenter ses prix et ses clients ne sont pas prêts à lui acheter ses portes coulissantes aussi chères.

Miliza est d’une étonnante maturité pour son âge et elle parle anglais couramment. C’est vraiment intéressant d’échanger avec elle. Nous parlons de plein de sujets différents. Elle nous donne aussi des conseils pour visiter Belgrade, la capitale de la Serbie: comment s’y rendre en bus, quelles sont les choses les plus sympas à voir…

Cette pause de près d’une semaine chez Oliver nous permet de nous reposer un peu. Mais malgré tout avec l’école et le travail, on est pas mal occupé et le soir on ne fait pas long feu…les enfants, le papa, et le chat!

Cette première semaine en Serbie balaye pas mal de préjugés que nous pouvions avoir sur le pays. Nous imaginions un pays assez traditionnel et replié sur lui-même. C’est tout l’inverse. On découvre un pays moderne et ouvert sur le monde. Mais aussi un pays de contrastes: entre les campagnes assez rustiques qui sont comme chez nous il y a 30 ans et les villes foisonnantes comme n’importe quelle ville européenne.

Belgrade

Samedi, nous partons visiter Belgrade. Nous laissons le camping-car (et Lilou!) dans le jardin d’Oliver. C’est plus sûr que de laisser le camping-car sur n’importe quel parking en ville.

Nous partons à pied jusqu’au petit village et nous attendons le bus.

Une petite échoppe dans le centre du village, typique de la région

Nous attendons le bus. Nous sommes assez nombreux à attendre. Soudain nous apercevons sur le trottoir d’en face une maman chien avec son petit…Puis un deuxième, un troisième et un quatrième sortent d’une grosse buse en béton sous la route. Il semble que ce soit leur maison. Un jeune va leur donner à manger et nous sommes attendris par la scène. Il y a pas mal de chiens errants en Serbie. On en voit un peu partout au bord des routes.

Le bus arrive et nous partons pour un trajet d’environ 45 min jusqu’à Belgrade. Ce qui nous frappe de suite c’est de voir que les arrêts de bus au début du parcours sont au bord de l’autoroute. Assez inhabituel pour nous. Nous arrivons dans le centre de Belgrade. Nous traversons un quartier rempli d’immeubles datant de l’époque soviétique, assez austères et délabrés. Les différents groupes d’immeubles (appelés Blok) se distinguent juste les uns des autres par leur numéro: Blok 1, 2, 3… Nous sommes plongés dans l’époque communiste. Nous repensons au fait que Belgrade a été la capitale de la Yougoslavie et que cela devait certainement être un modèle sous la gouvernance de Tito. Nous réalisons à quel point la vision de la vie sous le communisme devait être différente de celle qu’on connaît aujourd’hui. Sans fioritures.

Nous arrivons ensuite dans le quartier Zemun. C’est là que nous descendons du bus. C’est un quartier qu’on nous a recommandé. Un joli lieu de promenade au bord du Danube….Et effectivement, nous découvrons un quartier animé. Les gens se promènent en famille ou entre amis. Et la vue sur le Danube est magnifique.

Nous continuons notre balade dans le quartier de Zemun. Nous allons de petites rues en petites rues. C’est effectivement très vivant en ce samedi matin.

Nous montons un peu sur les hauteurs du quartier pour apercevoir le beau panorama mais aussi une forteresse datant du 14 ou 15ème siècle, l’une des places fortes pour défendre la ville.

Nous redescendons et continuons notre visite de Belgrade. Nous faisons une halte dans un petit stand de street food. Les deux gars qui tiennent le stand nous accueillent de manière sympathique et semblent contents qu’on soit venu visiter leur ville.

Nous reprenons le bus. Belgrade est assez étendue et nous voulons à la fois nous éviter trop de marche et voir le maximum de choses dans la journée. Les quartiers que nous traversons sont beaucoup plus modernes. Des immeubles rutilants. Des affiches tape à l’œil. Rien à voir avec les quartiers construits sous l’ère soviétique. En bus, nous traversons la rivière Sava, un affluent du Danube. Nous apercevons des restes d’immeubles détruits lors des bombardements de la ville par l’OTAN en 1999. Cela tranche là aussi avec le reste.

Puis nous arrivons à deux pas de l’Eglise Saint-Sava, un monument incontournable de Belgrade que nous sommes impatients de visiter.

Nous sommes de suite saisis par la beauté hors norme de cette église. Elle est imposante et en même temps dégage une incroyable harmonie.

Nous sommes déjà sous le charme à l’extérieur. Mais l’intérieur c’est encore un cran au-dessus. La beauté de l’architecture, des mosaïques et des dorures nous laisse sans voix. C’est le monument religieux le plus beau qu’on ait jamais vu. Juste incroyable.

La coupole centrale est la plus grande coupole recouverte de mosaïque au monde. Nous savourons le spectacle.

Alors que nous pensions que la visite était terminée (et c’était déjà grandiose!), nous découvrons un escalier qui descend vers une salle souterraine basse de plafond. Et là de nouveau nous n’en croyons pas nos yeux tellement c’est beau: les couleurs, les dorures, le souci du détail….superbe!

Nous ressortons de l’Eglise Saint-Sava aux anges, c’était vraiment un monument à voir dans une vie! Nous nous en rappellerons longtemps c’est sûr.

Nous continuons notre promenade dans le centre-ville de Belgrade, à pied. C’est relativement calme pour un samedi après-midi.

Nous nous dirigeons vers le château. C’est l’heure du coucher du soleil. Il y a une superbe vue sur la ville.

Nous nous promenons autour et dans l’enceinte du château.

Puis nous partons en direction d’un bar souterrain avec une entrée assez insolite appelé « Brat Che » (Frère Che), que nous a conseillé la fille d’Oliver (Miliza) chez qui nous séjournons en ce moment. C’est un ancien bar clandestin qui date de l’époque communiste. A l’époque tout ce qui était contraire au communisme était interdit (faire la fête, la musique, la religion..). De nombreux bars clandestins ont donc existé dans le centre de Belgrade. Les gens se cachaient pour avoir un peu de liberté. Ces bars ont ensuite servi de refuges mais aussi de lieux où les gens venaient oublier la guerre lors des bombardements de la ville en 1999.

Effectivement l’entrée est assez insolite. Et il n’y a aucune enseigne dans la rue. On peut passer à côté sans soupçonner l’existence d’un bar. C’est un lieu pour les connaisseurs!

L’ambiance du bar est assez feutrée. Il y a des photos du Che aux quatre coins du bar. Les gens fument et s’amusent (dans les Balkans les gens fument encore dans les bars, c’est autorisé). On a l’impression de faire un bon en arrière.

Nous reprenons le bus et rentrons au camping-car, après une journée riche en émotions. Nous garderons plein de belles images dans la tête de Belgrade, qui a vraiment été une bonne surprise! Ce n’est pas une ville qui nous a réellement plu par son architecture (hormis quelques monuments). Il faut dire que Belgrade a été, d’après ce qu’on nous a dit, détruite 70 fois…C’est plus l’ambiance qui nous a charmé. Une ville de contrastes où les gens semblent détendus…bien que ce soit une capitale.

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