La Slavonie: dernière région en Croatie

Après ce séjour riche en émotions dans la ferme de Sacha, nous continuons notre périple vers la Slavonie, dernière région de Croatie avant la frontière serbe. C’est une des régions les plus sauvages de Croatie d’après ce que l’on a lu. C’est aussi la région qui a été le plus durement touchée lors de la guerre entre la Serbie et la Croatie. Il reste des mines à certains endroits et il est déconseillé de s’aventurer dans les zones trop sauvages: mieux vaut rester sur les routes et les chemins, ne pas se promener en forêt et ne pas s’approcher des maisons abandonnées. Nous resterons donc prudents.

Tout juste arrivés en Slavonie, nous rencontrons des difficultés pour trouver une aire de camping-car ouverte. La nuit tombe. Nous décidons de chercher un restaurant qui accepterait que l’on dorme sur son parking en échange d’un repas….Nous arrivons dans la ville de Pozega et nous trouvons un hôtel-restaurant un peu en retrait du centre-ville avec un grand parking privé entouré d’arbres et au calme. C’est parfait. Nous demandons au restaurant. Cela ne pose aucune difficulté. Nous passerons donc la nuit là après un bon repas.

Le lendemain, nous partons assez vite pour ne pas déranger l’hôtel. Nous roulons quelques kilomètres en direction du Parc naturel de Papuk et nous nous arrêtons environ 3h pour que les enfants puissent faire l’école. Nous reprenons notre route vers le Parc naturel. Nous voulons emprunter la route qui le traverse du nord au sud en espérant apercevoir de belles choses. Nous découvrons assez rapidement que cette route (que nous pensions assez large et fréquentée) est en fait une toute petite route de montagne au milieu de la forêt. C’est magnifique. Mais plus nous avançons, plus nous montons en altitude. Et il y a de plus en plus de neige au sol. Soudain, nous voyons que la route est verglacée. Trop dangereux. Nous décidons de faire demi-tour…

Nous continuons notre découverte de la Slavonie. Les paysages sont assez plats, la terre est jaune. Cela donne un joli mélange de couleurs d’autant qu’il fait beau.

Il y a aussi de jolies églises colorées aux influences austro-hongroises, avec un clocher en forme de meringue.

Nous sommes assez rapidement frappés par le nombre de cimetières -souvent plus gros que les villages eux-même- et le nombre de maisons soit en ruine soit désertées. La zone porte encore les traumas de la guerre. Difficile de se sentir léger. Nous en profitons pour en parler avec les enfants. C’est aussi le but de notre voyage: voir les belles choses et les moins belles et comprendre l’histoire des pays que nous traversons.

Nous continuons notre avancée vers l’est. Nous arrivons à Osijek, la plus grande ville de l’est de la Croatie. C’est une ville à l’architecture soviétique assez austère, assez marquée par les conflits passés.

Un des symboles de la fin de la guerre à Osijek

Nous nous arrêtons dans un magasin pour animaux pour nous réapprovisionner en litière pour Lilou. Puis nous continuons notre route en direction d’une aire de camping-car que nous avons repérée sur l’application Park4night. Cette aire de camping-car est idéalement située, à l’entrée du Parc National de Kopacki Rit, que nous avons très envie de visiter. D’une surface de plus de 23000 ha, ce parc est la plus grande zone humide d’Europe et est une halte pour bon nombre d’oiseaux migrateurs.

Malheureusement, à notre arrivée, c’est la déception. L’aire de camping-car est fermée à cette saison. Nous essayons d’en trouver d’autres mais il y en a très peu et elles sont toutes fermées en hiver…la Slavonie n’est pas très touristique et encore moins à cette période. Nous nous faisons une raison. Le séjour en Slavonie va être plus compliqué que prévu. Nous ne savons pas comment nous allons pouvoir nous réapprovisionner en eau, vider les eaux grises (eaux usées) et les eaux noires (WC chimiques)…et nous risquons ne pas pouvoir rester en Slavonie aussi longtemps que prévu…

La nuit est tombée. Nous retournons dans la ville d’Osijek où nous avons repéré un parking au bord de la rivière Drava. L’endroit était mentionné comme une possibilité pour passer la nuit sur l’application Park4night. Cela a l’air calme. Cela fera l’affaire pour une nuit…

Nous passons une nuit pas terrible du tout. C’est le weekend et il y a des jeunes qui s’amusent à faire des courses de voiture sur la route pas très loin de là. Probablement à la sortie des boites de nuit ou des bars. On entend de grosses accélérations et des crissements de pneus pendant environ 1h au milieu de la nuit. Pas top!

Nous nous réveillons un peu fatigués. Et nous cherchons dès le matin une solution pour la nuit suivante. Nous commençons à être à court d’eau et il va falloir vider les toilettes assez rapidement….

Vue depuis le parking où on a passé la nuit, au bord de la rivière Drava

Pendant que nous cherchons des solutions, Lilou piste les oiseaux 🙂

Guillaume a une idée: réserver un petit logement à la campagne avec Airbnb, ce qui nous permettrait de nous doucher, et de remettre de l’eau dans le réservoir du camping-car! Il réserve un logement pour 2 nuits. C’est une petite cabane en bois assez spartiate mais cela ferait très bien l’affaire. Guillaume demande s’il est possible de se garer devant la cabane avec le camping-car en indiquant le gabarit du véhicule (7m40). L’hôte nous répond que cela ne pose pas problème. Parfait. Nous pouvons démarrer la journée sereinement et faire un peu de tourisme.

Nous partons visiter la ville de Vukovar située plus au sud, au bord du Danube qui sert de frontière avec la Serbie. Cette ville est surnommée « la perle du Danube ». Elle est aussi tristement célèbre pour des batailles qui ont eu lieu entre la Serbie et la Croatie lors de la guerre dans les Balkans.

Nous arrivons à Vukovar et nous nous garons sur un parking au bord du Danube pour aller jeter un coup d’œil. Nous sommes très curieux de découvrir ce fleuve qui est assez exotique et mystérieux pour nous. Le printemps semble en avance ici.

Le Danube et en face la Serbie

Alexis fait une petite séance de sport sur le parcours santé au bord du Danube.

Vukovar, c’est un étrange mélange entre des beaux bâtiments et des traces encore très visibles de la guerre. Cela nous fait bizarre d’imaginer que le si beau Danube a été une ligne de front.

Nous repartons en camping-car et nous cherchons une boulangerie à Vukovar (une « Pekara » en croate) pour acheter de quoi manger à midi. Nous en trouvons une ouverte. La vendeuse d’environ 25 ans est kosovare et nous accueille très chaleureusement. Elle a l’air intriguée par notre venue et nous avons un échange sympa avec elle. Elle nous dit qu’elle a étudié le français à l’école. Elle nous demande d’où on vient et où on va. Elle nous explique qu’elle a quitté le Kosovo avec sa famille pour venir s’installer en Croatie. Nous supposons que c’est à cause de la guerre qui a eu lieu là-bas en 1998-1999. Elle nous dit que la situation au Kosovo est maintenant très sûre. La guerre est apparemment loin derrière.

Nous partons en direction de Vinkovci, qui fait partie des villes à voir. D’après ce qu’on a lu sur internet, c’est une des plus vieilles villes d’Europe.

Petit tour de Vinkovci et nous repartons en direction du logement Airbnb que nous avons réservé. Nous voulons arriver là-bas avant la nuit.

Nous arrivons sur place vers 17h. Il fait nuit vers 17h30-17h45. Et là surprise…on se rend compte que pour descendre à la cabane, il faut emprunter un tout petit chemin en terre avec de la végétation basse des deux côtés. Impossible de passer avec le camping-car…Nos hôtes, Ivan et ses parents, nous rejoignent et ne comprennent pas de suite notre problème. Guillaume part avec eux en voiture jusqu’à la cabane pour vérifier par acquis de conscience. Mais il est formel…ça ne passe pas! Et il ne faudrait pas qu’on se retrouve coincés en bas du chemin sans pouvoir remonter…

C’est la confusion….nous ne savons pas quoi faire….car nous avons réservé et payé pour 2 nuits. Si nous ne pouvons pas rester là, cela signifie que l’on ne peut pas se réapprovisionner en eau. Nous sommes à ce moment-là à court d’eau. On ne peut plus faire la vaisselle ni se doucher. Nous expliquons à nos hôtes pourquoi nous avons réservés leur logement et pourquoi nous sommes si embêtés. Le fils Ivan parle anglais.

Au bout de 5 min, lui et sa famille nous proposent de les suivre jusqu’à chez eux et de nous fournir de l’eau. Ils habitent à Dakovo, à 60km de là. Nous sommes tout surpris et nous acceptons.

Nous arrivons de nuit devant la maison d’Ivan et sa famille. Nous nous garons dans le jardin devant la maison. Dès notre arrivée, ils nous invitent chaleureusement à entrer chez eux. Ils nous offrent un coup à boire avec des spécialités locales: tranches de fromage et charcuterie. Nous partageons un moment super sympa. Nous échangeons sur nos cultures et sur la vie en général. Nous leur posons des questions sur la Croatie et les Balkans. Ivan et sa famille sont originaires de Bosnie. Et ils sont aussi curieux de savoir comment ça se passe chez nous. Les parents d’Ivan ne parlent pas anglais, mais nous nous comprenons malgré tout avec les gestes, le regard, et Ivan qui fait l’interprète.

Nous nous réveillons le lendemain avec la neige. La maman d’Ivan, Luzia, a préparé une spécialité de chez eux: les sarmas, des choux farcis à la viande. Un délice! Ils ont envie de partager leur culture avec nous et cela nous touche beaucoup. L’après-midi, nous les invitons à boire un café chez nous dans le camping-car! A la fois pour les remercier de leurs délicates attentions et pour leur montrer le camping-car….C’est un peu le rêve d’Ivan et ses parents. Ils s’intéressent au fonctionnement du camping-car et nous posent plein de questions. Ce jour là, ils nous invitent à prendre une douche chez eux et nous réapprovisionnent aussi en eau dans le camping-car…adorable!

En seulement un jour, nous avons tissé des liens avec cette famille. Et eux comme nous sont surpris de cette rencontre!

Le lendemain lundi, nous repartons en direction d’Osijek. Objectifs de la journée: visiter le Parc National Kopacki Rit mais aussi préparer notre départ pour la Serbie. Nous espérons pouvoir passer la frontière serbe dans l’après-midi. Et les histoires de tests Covid compliquent les choses.

Nous arrivons au Parc Kopacki Rit. C’est désert à cette saison. La réception est néanmoins ouverte et nous achetons des tickets d’entrée pour le parc. Nous sommes en hiver et ce n’est pas sûr que nous puissions voir beaucoup d’animaux et d’oiseaux. Les oiseaux migrateurs ne sont pas encore arrivés. Quoi qu’il en soit, cela nous fera une balade. Et avec un peu de chance, nous ferons de belles rencontres….

Nous partons à pied sur les sentiers du parc, au milieu des zones humides. Il fait beau mais très froid. Nous apercevons quelques oiseaux: des hérons cendrées et des hérons blancs, des cormorans. Et nous profitons des beaux paysages. Nous avons le parc pour nous ce jour-là!

En repartant avec le camping-car, nous empruntons une route qui traverse le parc. Nous apercevons des familles de cygnes….mais aussi plusieurs groupes d’oies sauvages qui attendent la hausse des températures pour migrer vers la Scandinavie. Il y en a par centaines! C’est juste magnifique!

Nous sommes contents d’avoir découvert la Slavonie, une région au lourd passé qui est tournée vers le futur et qui est déterminée à laisser tout cela derrière elle…une région avec de beaux paysages et des habitants accueillants qui n’attendent que de recevoir des touristes.

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